Les humains les cheveux dans le vent qu'aiment-ils ?
Toi qui décides de tuer en faisant la guerre,
n'as-tu jamais aimé de tout ton cœur,
de tout ton être la beauté de cette terre,
au point d'en aimer toutes les fleurs.
Toi qui lance des missiles,
toi qui jettent des bombes,
toi qui détourne ton regard quand tu vois le pauvre qui mendie,
toi qui préfère le silence de ton esprit à la rage de sentir l'injustice,
toi qui tient la mitraillette qui tue un pauvre type,
toi qui croit qu'il y a des ennemis,
toi qui déteste les barbus, les rouges, les violets ou les multicolores,
toi qui jette des grenades,
toi qui pilote des drones à la roquette haineuse,
toi qui préfère faire des plans de guerre que sur la comète,
toi qui ourdit des complots dans le dos des peuples,
toi qui affament les miséreux,
toi qui poussent des enfants et des femmes loin de leur maison dans des camps d'infortune,
toi qui te remplit d'orgueil en disant protéger ton pays, ta patrie,
pourquoi fais tu cela ?
Je te le demande : pourquoi ? Mille fois pourquoi ? Pourquoi et encore pourquoi ?
Où et quand as-tu perdu la raison ?
Où et quand as-tu perdu le chemin de ton âme ?
Où et quand as-tu oublié la poésie de tes anges ?
Les as-tu perdu dans le lait fade et industriel que tu as bu à la place du nectar gorgé de vie des seins de ta mère ?
Les as-tu perdu dans ton enfance froide et grise, dans la dureté du béton, du goudron et du grillage de l'école, ta prison, à la place de courir dans l'herbe verte
des prés, de jouer dans l'eau pure d'un ruisseau et de grimper dans les arbres ?
Les as-tu perdu dans ta détresse de jeune homme égaré devant des films pornos au lieu de t'enivrer de l'amour et du sexe d'une femme douce et aimante ?
N'as-tu connu que la misère des coups, de l'humiliation, dans la folie de la compétition ?
N'as-tu vécu que comme un esclave, qui pour se croire libre, cultive la haine et la gloire du meurtre ?
N'as-tu vécu que dans la violence d'une bonne éducation pleine de règles, d'interdits, de normes, de menaces et de violences ?
As-tu grandi la tête prise dans l'étau de la misère, le corps voué à être de la chair à canon ?
As-tu été pétri et malaxé dans un pétrin infernal qui t'as rendu comme un pain dont le levain n'aurait pas poussé, et que le boulanger aurait déposé dans un coin,
un pain devenu rassis et sec ?
Qui puis-je pour toi l'homme soldat, human-bomb, le kamikaze ?
Certainement pas grand chose, et surtout parce que tu ne m'as rien demandé. Pourtant sur cette Terre, nous sommes frères, embarqués dans le même bateau.
Deux êtres distincts, qui vivent comme ils peuvent car nous sommes prisonniers de nos conditionnements, enfermés dans nos citadelles de
certitudes et barricadés dans le bunker de nos peurs. Savoir cela qu'est-ce que cela change pour toi ? Toujours rien.
Et bien, même si je ne suis rien pour toi. Même si tu m'ignores, je t'écris.
Parce que j'ai mal pour toi.
Ta peine est ma souffrance. Je la sens dans mon corps. J'aimerais te prendre dans mes bras, comme un frère qu'on aime pour tous les bons souvenirs de jeux vécus
ensemble. J'aimerais te serrer contre moi, comme un père qui berce avec tendresse son enfant et veille sur lui avec amour. J'aimerais aussi sentir ta force et ta bonté en me laissant aller dans
tes bras.
Je te souhaite un jour que ton cœur s'ouvre au point de jeter tes armes au sol, de fuir le brouillard de tes mondes de haine et de guerre et de cultiver la douceur,
la joie et la tendresse.
Je te souhaite aussi que ta conscience s'élève dans le ciel de ta beauté intérieure, et guérisse tes blessures, pour œuvrer à savourer et honorer la vie, les
cheveux dans le vent. (s'il t'en reste !).
Jean-Guillaume Bellier
11 octobre 2024